Accueillir expose à une remise en question de toutes nos certitudes, au risque d’incompréhension, à un possible sentiment d’échec… c’est dans un souci d’initiation ou de perfectionnement des bénévoles que Passerelles organise des journées de formation telles celle du samedi 25 mai, dont le thème était « Prévenir les violences dans les espaces solidaires d’accueil de personnes exilées ».

Elle a été conduite par Sara Cesaro et Jane Freedmann. Toutes deux sont sociologues, rattachées à l’université Paris VIII, engagées dans des associations. Entre autres thèmes de recherche, elles étudient les violences aux frontières au prisme de la race et du genre. Elles débutent actuellement une « recherche-action » sur les pratiques de soutien aux personnes exilées en France, intitulée « SOLIFRO : aux frontières des solidarités ». Cette recherche étant participative, elles envisageaient la journée comme un dialogue avec nous, les 16 participants (représentés : le Refuge solidaire de Briançon, le Diaconat protestant de Valence, la Trame de Die, Espoir de Dieulefit, l’Asti).

Après avoir donné des définitions larges des notions de « frontières » et de « violences », exposé les conclusions d’une recherche antérieure, souligné combien le silence règne à ce sujet au sein des milieux solidaires, elles ont fait un point historique sur les lois concernant les violences sexistes et sexuelles et sur les définitions juridiques qui leur sont liées.

Jane a cité l’exemple de l’ARDHIS (Association pour la reconnaissance des droits des personnes homosexuelles et trans à l’immigration et au séjour – Île-de-France) pour illustrer une riposte collective à une situation de violence par la rédaction d’une charte.

Les études de cas qui ont occupé l’après-midi posaient la question du consentement à partir de différents scénarios d’asymétrie entre personnes accueillantes et personnes accueillies fondés sur des cas réels (4 par groupe). Il était demandé à chacun des groupes de les analyser puis de proposer une solution individuelle ou collective pour résoudre le problème ou, du moins, prévenir son aggravation. Lors de la mise en commun – pleine d’affects, extrêmement vivante – chaque groupe a présenté un cas sur les 4 qu’il avait analysés, a défendu ses solutions. Sara et Jane ont emporté les grandes feuilles griffonnées du paper board puisque, comme indiqué en ouverture, cette journée était pour elles l’une des multiples étapes de leur travail de recherche. Quant à nous, bien que les problèmes, quand ils surviennent, ne ressemblent jamais à ce que l’on avait appris, anticipé, redouté, nous nous sentions un peu plus avertis.

Pour Passerelles, Catherine Goffaux

Cette journée était la 4ème journée inter collectifs organisée par le Pôle ressources de l’association Passerelles.

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